Vietnam : changer la destinée des familles les plus pauvres
L’histoire d’un weekend pas tout à fait comme les autres.
Les 24 et 25 avril 2021, je me suis rendu à Long My, une petite ville de la province de Hau Giang, située à 200 km au sud-est d’Ho Chi Minh.
Avec Eric Bletard, conseiller économique et commercial de l’AWEX au Vietnam et une douzaine d’ambassadeurs et de collaborateurs de la marque Wallonia.be, nous avons participé au « Mekong Bike Delta Tour » organisé par l’ONG « Mékong Plus ». Comme son nom l’indique, il s’agissait d’une visite à vélo pendant laquelle nous avons rendu visite à des familles pauvres installées dans la région du Mékong. Les endroits que nous avons explorés sont encore préservés des touristes.
Pour nous occidentaux habitués au confort et à l’accès aisé aux ressources et à l’énergie, ce fut l’occasion de sortir des sentiers battus et de se rappeler que les habitants de la Terre ne sont pas tous logés à la même enseigne. Autant vous dire que cette escapade hors du temps et loin de notre train-train quotidien ne nous a pas laissés indifférents. C’est du coup chargés d’émotions que nous sommes revenus d’un week-end qu’aucun d’entre nous ne pourra oublier.
Avant de vous partager notre expérience, avant de vous décrire le comment du pourquoi nous avons tous été chamboulés par ce que nous avons vécu lors de ces deux journées, permettez-moi si vous le voulez bien, d’installer un peu de contexte à notre aventure.
La crise économique au Vietnam : le prix à payer pour une gestion parfaite de l’épidémie.
Malgré une gestion exemplaire de l’épidémie depuis le début de l’année 2020, le Vietnam n’a pas échappé à la crise économique. La fermeture des frontières pour contrôler la Covid-19 a stoppé net le tourisme et donc l’arrivée de voyageurs étrangers.
Pour comprendre l’impact que cela représente, il faut savoir qu’en 2018, le Vietnam enregistrait à peu près 15 millions d’entrées sur son territoire pour des recettes touristiques avoisinant les 30 milliards de dollars. Soit environ 10 à 12% du PIB du pays. Les villes de Da Nang, Nha Trang ou encore les sites adorés des voyageurs tels que l’île de Phu Quoc, la baie d’Along, les rizières de Sapa ou la ville de Huè (ancienne capitale impériale entre 1802 et 1945) pour ne citer qu’eux... se sont vus privés d’une de leurs principales rentrées financières.
Les métropoles que sont Hanoi et Ho Chi Minh ont elles aussi été touchées par cette crise. Lorsqu’on voyage dans le pays, il est difficile de dénombrer le nombre d’hôtels, d’agences touristiques et de restaurants qui ont dû mettre la clef sous la porte par absence de clients, entraînant des pertes d’emplois massives et forçant les familles les plus modestes des quatre coins du pays à trouver des alternatives pour se créer un revenu de survie.
D’un autre côté, le Vietnam fait partie des pays qui compte le moins de cas de Covid-19 au monde sur son territoire et est également l’un des pays qui a le moins confiné.
Toutefois, la pauvreté au Vietnam ne date pas d’aujourd’hui.
Si depuis la première décennie de notre siècle, certaines villes et régions ont su se développer et que le pourcentage de familles pauvres a diminué de moitié en 10 ans pour passer de 20% en 2010 à 10% en 2018, dans les régions où opère l'ONG « Mekong Plus », près de 5 à 10% de la population vivent avec moins de 1$ / jour par personne et 5% avec moins de 0,50$ / jour par personne.
Le pays comptant près de 98 millions d’habitants, c’est environ 2 millions de personnes qui vivent avec moins de 1.5€ par jour et par personne, rendant l’accès aux ressources vitales telles que l’eau, la nourriture et les énergies compliquées. (carburant, électricité, gaz…). Il en va de même concernant l’accès au transport et à l’éducation des enfants.
L’AWEX : engagée sur le long terme pour répondre à des objectifs de développement durable internationaux.
L’AWEX (Agence wallonne à l'Exportation et aux Investissements étrangers), chargée du développement et de la gestion des relations économiques internationales de la wallonie, s’engage sur le long terme dans sa “Responsabilité Sociétale des Organisations” (RSO) au travers de la mise en pratique des “17 objectifs du Développement durable” (Sustainable Development Goals ou “SDG”) auprès de ses collaborateurs mais aussi au sein des entreprises exportatrices.
Dans ces temps difficiles, la marque Wallonia.be représentée en Asie du Sud-Est (Vietnam, Laos, Cambodge) par le conseiller économique et commercial Eric Bletard souhaitait soutenir l’ONG « Mekong Plus » dirigée par Bernard Kervyn en organisant pour ses collaborateurs et ambassadeurs un week-end à vélo : « Le Mekong Bike Delta Tour ».
Vous comprendrez avec cet article écrit à la façon d’un « J’ai testé pour vous » qu’il s’agit en réalité bien plus que d’un quelconque week-end cycliste.
Mais avant cela, laissez-moi continuer cette mise en contexte en vous présentant l’ONG « Mekong Plus ».
« Mekong Plus » : engagée au Vietnam et au Cambodge pour sortir le plus grand nombre de familles possible de l’extrême pauvreté.
Depuis le début des années 1990, Bernard Kervyn met son expérience et son énergie pour aider les populations défavorisées à bénéficier d’un mode de vie plus juste, soutenable et durable.
Il est aujourd’hui le coordinateur des différents projets de l’ONG « Mekong Plus » qui a déjà contribué à sortir près de 200.000 personnes de la grande pauvreté au Vietnam et au Cambodge.
Pour remplir sa mission, l’organisation travaille sur 6 différents piliers :
- éducation
- santé & hygiène
- construction de petites infrastructures
- emploi
- agriculture
- microcrédit
Une ONG qui vit (survit) des dons, des revenus de ses magasins et de l’organisation de voyages de courte durée.
Pour assurer son bon fonctionnement, l'association compte chaque année sur les dons de particuliers et d’entreprises partenaires ainsi que sur la vente de produits manufacturés par les familles vietnamiennes. (Vous découvrirez par la suite un exemple de ces produits). Elle organise également des séjours de courte durée pour les touristes au cours desquels les voyageurs sont emmenés sur le terrain pour constater les actions et projets mis en place par les équipes et partenaires de l’association.
Inutile de vous préciser que l’ONG est elle aussi touchée par la pandémie.
Voyant ses rentrées d’argent baisser (pour ne pas dire disparaître) de façon significative depuis le début de la crise économique liée au virus et à l’absence de touristes.
Le Mekong Bike Delta Tour
Les voyages organisés par l’association tels que celui auquel nous avons eu la chance de participer sont loin d’être de simples produits touristiques. Par exemple, lorsque vous payez une somme en Vietnam Dong pour y participer, 50% de l’argent récolté entre directement dans l’organisation pour rejoindre la caisse des dons. Les 50% restants sont dédiés à l’organisation du voyage : hôtel, nourriture, déplacements, excursions... et contribuent ainsi à faire tourner l’économie locale.
En participant à ce genre de programme, vous élevez votre niveau de conscience à propos des sujets liés à l’extrême pauvreté, vous rencontrez directement les personnes touchées et vous œuvrez activement au bon développement des projets de l’ONG.
Il s’agit là, d’une excellente alternative au tourisme “as usual” dont le but principal est orienté croissance économique et profit, souvent au détriment des populations locales et dont les bénéfices se concentrent autour d’un petit groupe d’individus.
Avant le départ
Deux semaines avant le départ, nous avons reçu par email le programme du weekend.
On pouvait y découvrir le déroulé des activités auxquelles nous allions participer mais également les 3 objectifs de ce séjour :
- Immersion dans le vert luxuriant du sud du Vietnam
- Dégustation de plats locaux
- Découvrir la vie locale et comprendre le projet Mékong Plus
Première journée : Samedi 24 avril
07:00 - Ho Chi Minh city.
J’ai rendez-vous au siège de l’AWEX à Ho Chi Minh City pour rejoindre le groupe avant de monter dans notre minivan.
Direction Hau Giang qui se situe à 200 km au sud-est de Ho Chi Minh.
Un Mercedes-Sprinter des années 2000 nous escortera pendant les 4.5 heures de route nécessaires pour arriver jusqu’à notre hôtel à Long My.
Une petite ville où se trouve le « Anh Duong Center », entité du projet « Mekong Plus », dont l’équipe nous prendra en charge tout au long du week-end.
Après un long périple sur les autoroutes nationales vietnamiennes, une fois arrivés à destination, nous poserons nos sacs à dos à l’hôtel avant de rejoindre le centre pour prendre le repas du midi.
12:00 - Long My - Anh Duong Center
Nous sommes accueillis par l’équipe du centre partenaire de « Mekong Plus » qui oeuvre depuis près de 17 ans dans le but d'aider les plus pauvres et les plus malchanceux à sortir de la pauvreté par le biais de microcrédits, de programmes de formation et d’aide à l'emploi ainsi qu’à l’octroi de bourses d’éducation et à l’aménagement d’infrastructures de transport et de déplacement. (ponts, routes, voiries…)
Après des heures à discuter famille, Vietnam et affaires le long du trajet, on ne pensait qu’à une seule chose : passer à table.
Ce fut le moment de prendre des forces avant d’entamer les 3 heures de vélo qui nous attendaient sous un soleil de plomb.
13:30 - Choix des vélos en bambou
À la sortie de table, nos vélos nous attendent.
Depuis une dizaine d’années, ces deux roues et casques fabriqués en bambou sont devenus l’image de marque du centre.
On vérifie les freins, on se munit d’un casque et on monte en selle.
Cet après-midi là, nous visiterons plusieurs familles.
15:00 - L’élevage aux mille anguilles
L’une de nos étapes de l’après-midi nous a menés jusqu’à une famille qui élève des anguilles.
À l’arrière de la maison, nous découvrons un bassin rempli de ces serpents aquatiques ici appréciés pour leur chair délicate, principalement vendus sur les petits marchés locaux.
L’objectif du centre avec cette famille d’éleveurs est de leur assurer le micro crédit nécessaire à l’achat des civelles (bébés anguilles) pour qu’ils puissent les élever et revendre les animaux adultes pour en dégager un profit, rembourser leur dette et devenir financièrement autonome sur le long terme; voire même à faire grandir l’exploitation et par la suite faire appel aux banques pour continuer leurs investissements avec un vrai crédit.
Le centre ne lâche pas pour autant la famille une fois qu’elle est devenue autonome. Elle continue son accompagnement et assure un suivi pour éviter une éventuelle rechute. Ce qui arrive toutefois très rarement.
Cela faisait près de deux heures que nous roulions dans la chaleur entre les canaux, vergers et rizières qui caractérisent la région du Mékong. Nous avons ensuite été invités à la table des habitants, dans la cour devant la maison, pour reprendre des forces avec des fruits frais et se rafraîchir avec de l’eau.
C’est la saison du Jack Fruit et le début des mangues. Tout le monde se jette sur ces délicieuses friandises naturellement sucrées.
Peu avant ce break, d'énormes nuages avaient commencé à recouvrir le ciel. Nous sentions bien que l’averse arrivait à grand pas. En effet, une pluie tropicale (en ce moment, c’est le début de la saison des pluies dans la région) s’est abattue sur le sud tout entier alors que nous profitions de la pause. Nous nous trouvions en plein milieu d’un massif nuageux qui recouvrait des centaines de kilomètres carrés.
Par chance nous étions à l’abri, mais il restait encore 10 km à parcourir et pas grand monde ne voulait les faire sous une pluie battante.
Il faut dire qu’au Vietnam lorsqu’il pleut, il pleut. Et à grosses gouttes... En Europe, on a coutume de dire que lorsqu’il pleut fort cela ne dure pas longtemps. Et bien, pas au Vietnam ! Nous avons donc inévitablement prolongé le break jusqu’à ce que cela se calme, profitant de ces instants pour discuter entre nous et échanger des anecdotes voyage, famille, business et sur d’autres sujets un peu moins formels.
Il n’a jamais arrêté de pleuvoir mais à la première accalmie, nous nous sommes parés de nos manteaux de pluie et avons repris la route sur nos vélos en bambou.
17:00 - Les cochons : ces rois de l’économie circulaire
Le deuxième événement de l’après-midi fut la visite d’une maison qui produit son propre biogaz (méthane) grâce à un système ingénieux vieux comme le monde.
Dans l'arrière-cour de cette maison modeste, sous l’élevage d’une dizaine de cochons se cache une fosse septique qui récolte les excréments des quadrupèdes.
Grâce à un système de fermentation, des gaz sont produits puis acheminés dans une réserve, une sorte de vessie géante en matière plastique qui peut stocker une quantité de cette ressource naturelle suffisante pour les besoins de la famille.
La ressource énergétique est ensuite acheminée vers la cuisinière.
Désormais, ces habitants peuvent se passer de l’achat de bonbonnes de gaz industriel assez coûteuses.
Le plus impressionnant dans tout cela, c’est le faible coût et la facilité de l’installation qui ne demande pas de grands moyens ni de matériaux complexes. Nous sommes tous restés bouche bée face à cette ingéniosité pourtant rudimentaire.
Même si certains d’entre nous, il faut l’avouer, ne seraient pas prêts à vivre avec des cochons à quelques mètres seulement de leur cuisine. Cochons qui sont élevés puis revendus pour leur viande et constituent la source de revenus principale du foyer. Un exemple concret de micro économie circulaire.
17 : 30 - Retour à l’hôtel après 20 km à vélo sous un soleil de plomb puis sous la « drache ».
(Drache : nom féminin provenant du patois wallon et parfois utilisé dans le nord de la France qui désigne une pluie battante.)
« I drache toudis ichi éddin » traduisez par « il pleut tout le temps ici »
De retour à l’hôtel, tout le monde est trempé de la tête aux pieds.
Nous rentrons dans nos chambres, mettons à sécher nos vêtements et profitons d’une douche chaude pour se revigorer avant de rejoindre le centre Anh Duong pour y partager le repas du soir.
18 : 30 - Un repas attendu de tous et bien mérité
Après notre deuxième repas local de la journée, une fois la nuit tombée, quelques âmes à qui il restait de l’énergie sont allées se promener dans le quartier autour de l’hôtel pour prendre l’air, boire un verre ou acheter des souvenirs.
Pour ce qui est du reste du groupe, c'est-à-dire la grande majorité, nous nous sommes contentés d’aller nous blottir dans les bras de Morphée.
Avant de s’endormir, nous programmons nos réveils pour qu’ils sonnent à 5:00 du matin le lendemain. Nous partirons à l’aube le jour suivant pour découvrir un marché flottant avant le petit-déjeuner et de reprendre nos vélos pour continuer notre escapade.
Deuxième journée : Dimanche 25 avril
05 : 00 - Réveil difficile et cap sur Nga Nam et son marché flottant ancestral.
Nous avons rendez-vous à 5:30 dans le lobby de l’hôtel pour prendre la route avec le minivan. Nous émergeons tout doucement du sommeil alors que des hauts parleurs situés à chaque coin de rue passent des chants communistes et de la musique vietnamienne.
30 minutes de route plus tard, nous arrivons à Nga Nam.
À la sortie du Mercedes Sprinter, nous observons quelques locaux faire leurs exercices du matin avant d’aller travailler.
Lorsque nous arrivons sur les lieux de la visite, après avoir traversé un petit pont en pierre, le marché termine de se préparer et l’activité bat son plein. Bernard nous explique que le marché a perdu trois fois sa taille depuis le début de la crise économique qui frappe le pays à cause du Covid-19. Il y fait donc plus calme que d’habitude.
Malgré cela, nous avons pu observer leur manière d’opérer et de s'échanger des sacs de ressources alimentaires de bateaux en bateaux. On pourrait presque nommer cet endroit le “Rungis” local. En tous les cas ce lieu, malgré des infrastructures bien plus modestes, en a la même fonction.
Les marchandises sont ensuite acheminées vers d’autres petits marchés locaux ou vendus via d’autres filières commerciales. Le soleil se lève et nous offre des couleurs magnifiques. Les photographes appellent ce moment la “Golden Hour”.
Nous nous sommes munis de gilets de sauvetage orange fluo, certes peu discrets mais la sécurité de groupe est primordiale. Nous montons sur des barques en bois, avec à la barre une femme vietnamienne, pour faire un tour sur le canal et observer les bateaux remplis de ressources alimentaires.
Chaque bateau a sa spécialité : l’un est destiné au chou, un autre aux fleurs, un autre aux pastèques ou encore à la viande…
C’était fou de voir comment ils s’organisent. Et puis surtout de prendre conscience du décalage entre nos vies et la leur. On aurait presque la sensation d’être sur une autre planète.
06 : 30 - Petit déjeuner sur le marché
Après notre tour en barque, nous nous sommes assis tous ensemble autour de plusieurs tables en bois montées sur trépied pour déguster Pho’s (bol de nouilles de riz) et gâteaux en pâte de riz, des spécialités culinaires nationales.
Nous prenons quelques photos avant de reprendre le chemin du minivan pour ensuite aller chercher nos vélos et entamer notre deuxième et dernière expédition cycliste du weekend.
8:00 En selle Marcel !
Nous reprenons la route pour rendre visite à une famille dont les femmes travaillent à la création d’objets en papier mâchés. Ces pièces manufacturées sont généralement vendues dans les différents magasins de « Mékong Quilts », la branche commerciale de l’ONG. Mais qui ont dû fermer par manque de touristes.
Lorsqu’on arrive sur place, les femmes sont en train de préparer une commande de boules de Noël qui serviront à la décoration de la maison d’une famille vietnamienne à la fin de l’année.
Grâce à ce travail, le foyer que nous visitons a pu doubler ses revenus et vivre beaucoup plus confortablement.
Seulement, il n’y a pas de place à ce genre de poste pour toutes les femmes du village . Du coup, afin d’éviter les jalousies chez les autres villageoises, les bénéfices effectués grâce à la vente des produits sont redistribués au sein de la communauté et servent à développer des projets utiles à tous ou à aider des cas particuliers dans le besoin.
Le ferry boat
L'expérience la plus fascinante ici est sans conteste le «ferry-boat» qui nous a servi à traverser le canal pour rejoindre cette maison.
Un petit radeau construit en bois et en bambou muni d’un petit moteur capable de transporter une dizaine de personnes à scooter ou à vélo nous a aidé à traverser la rivière.
Sans cette embarcation, les locaux devraient faire de longs kilomètres avant de trouver un pont afin de rejoindre l’autre rive du cours d’eau.
09:30 Une bourse scolaire pour un jeune vietnamien qui rêve de devenir chimiste
Nous avons continué notre périple en traversant un nouveau cours d’eau à l’aide, encore une fois, d’un ferry boat.
Nous avons rendu visite à une famille auprès de laquelle le centre Anh Duong est intervenu pour l’octroi d’une bourse scolaire.
Nous sommes accueillis tout sourire par les habitants : un fils et son papa qui vivent dans une hutte aménagée et entourée de terres cultivées, d’un étang pour l’élevage de poissons et de quelques canetons d’élevage destinés à être vendus pour leur viande une fois adultes.
Les membres du centre nous présentent la famille et nous discutons par l’intermédiaire d’un traducteur avec le petit garçon. Il nous explique qu’il est passionné de badminton. (Sport adoubé par les vietnamiens) Et qu’il rêve d’être chimiste.
Aujourd’hui, son père est présent. Mais ce n’est d’habitude pas le cas. En cause, la crise économique a eu raison de son emploi. Le chef de famille travaille généralement dans le domaine de la construction à Ho Chi Minh mais en ce moment la plupart des chantiers sont à l’arrêt, il n’a donc plus de travail.
10:30 « La vie mettra des pierres sur ta route. À toi de décider d'en faire des murs ou des ponts » Coluche
Nous continuons notre deuxième journée pour nous rendre dans une maison dont le seul accès se fait en barque en traversant un petit cours d’eau.
L’équipe du centre Anh Duong profite de cet arrêt pour nous montrer la voirie en béton qu’ils ont construite à la demande de la communauté locale. Ces aménagements de voirie sont importants dans la mesure où ils facilitent le transport et donc les échanges commerciaux et donc les revenus des familles.
Au total, l’ONG aura participé au financement de 1/3 ou 1/4 de 255 ponts et 165 km de chemins bétonnés.
Pour un coût total de 600€, les ponts permettent pas moins de 1000 passages par jour. Ils facilitent les déplacements mais aussi les échanges commerciaux et influent donc sur le revenus des foyers puisqu’ils facilitent, tout comme les chemins bétonnés, le transport de marchandises.
Après avoir passé le petit cours d’eau en barque, nous rencontrons une famille qui a bénéficié d’un micro crédit pour améliorer la qualité de son habitation.
Généralement les toits sont construits en tôles de fer très fines, légères et bon marché. Le problème, c’est qu’avec la chaleur la maison devient un four et les jours de pluie, le bruit causé par les épaisses gouttes qui s’abattent sur le fer est infernal.
L’association leur a permis d’investir dans des panneaux faits de matière plastique recyclée à partir de déchets récoltés dans les canaux.
Ce qui réduit le coût de construction des maisons de 20% et octroie un réel confort à la famille en comparaison aux matériaux bon marché cités précédemment.
Lors de cette dernière visite, je fus marqué par la joie de vivre et le sourire humain, profond et sincère des enfants et de la cheffe de famille.
Après une vingtaine de minutes de discussions avec les hôtes, nous remontons par petits groupes de deux à trois personnes sur la petite barque bleue qui nous a amené de l’autre côté de la rive pour revenir sur la route ou nous avions abandonné nos vélos et rentrons vers le centre pour y reprendre un dernier repas vietnamien.
12 : 30 Un dernier repas avant de reprendre la route vers Saigon.
Lors de ce dernier repas, nous échangeons sur notre expérience. Ces longues balades à vélo nous ont épuisés mais c’est la tête pleine de souvenirs que nous quittons le centre.
Après la photo de groupe finale, nous reprenons nos places dans le minivan et tendons nos mains par la fenêtre pour faire signe « au revoir » à l’équipe du centre.
Reportage réalisé et rédigé par Gabriel Raskinet