SignMyCar! Belgian Storytelling Tour est un documentaire interactif en ligne portant sur la communauté belge aux États-Unis. Les participants partagent leurs expériences et signent notre voiture ! Les lecteurs peuvent ensuite scanner n’importe quelle signature sur la voiture et découvrir ainsi leur histoire. Depuis 2016, SignMyCar! est devenu ambassadeur de la marque Wallonia.be et vous fait découvrir sur ce blog quelques histoires fascinantes de Wallons vivant ici aux Etats-Unis.
Aujourd'hui, je vous emmène à Brussels au Wisconsin dans le Midwest Américain!
Imaginez la campagne américaine et ses longues autoroutes qui s'étendent sur des milliers de kilomètres. Imaginez votre GPS qui vous indique que vous pourrez tourner à gauche dans 945 km... Puis tout d'un coup, au milieu de nulle part, vous tombez sur des villages appelés "Namur", "Rosaire" et "Brussels". Et le long de la route sont parsemées de petites chapelles portant le nom en français de saint catholique. Non, vous ne souffrez pas de "Road Diziness" comme on le dit ici, mais vous êtes arrivé au Walloon Historical Distict dans la Péninsule de Door au Wisconsin!
Au 19ème siècle, le Wisconsin a connu une grande vague d'immigration provenant de Wallonie. La situation géographique de la région et les conditions de vie très dure ont soudé la communauté wallonne du Wisconsin et leur a permis de préserver leur langue et leurs traditions. Après plus de 200 ans, le wallon américain parlé à Brussels est devenu un dialecte bien à part de son homologue belge. Je me suis rendue au Belgian Heritage Center pour en savoir plus.
J'y ai rencontré deux professeurs en linguistique de l’Université du Wisconsin – Eau Claire : Mr Kelly BIERS et Mme Ellen OSTERHAUS. Ils ont lancé un projet audacieux : le programme de préservation du dialecte wallon du Wisconsin.
Les premiers immigrants wallons sont arrivés au Wisconsin dans les années 1810, alors que le premier système d’écriture de la langue est apparu dans les années 1850. Les Wallons ont donc immigré sans moyen de transcrire leur langue. Ils ont aussi subi une immense pression culturelle de « s’intégrer » à la société américaine. Pendant de nombreuses années, parler wallon et être wallon était très mal vu. Par conséquent, après 5 générations, leur langue est en danger de disparition. Aujourd’hui il reste moins de 50 personnes qui peuvent encore pratiquer ce dialecte et elles ont toutes plus de 70 ans. Le Professeur BIERS veut changer cela.
Le plus grand défi (en dehors de la course contre la montre) est de créer un système d’écriture du dialecte wallon du Wisconsin qui ait du sens pour la nouvelle génération anglophone. En effet, le système d’écriture actuel est basé sur le français. Il y a donc beaucoup de sons et d’accents qui ne parlent pas du tout à un anglophone. Cela les décourage de vouloir apprendre la langue.
Le Professeur BIERS et son équipe rencontrent régulièrement la communauté pour décider de l’orthographe des mots et expressions communs. Les Wallons du Wisconsin sont donc en train de décider de leur propre système d'écriture ! Les résultats sont consignés dans une sorte d’abécédaire et sont accompagnés de nombreux enregistrements radio et vidéo.
L’Université du Wisconsin – Eau Claire et le Belgian Heritage Center ont même commencé à discuter avec les districts scolaires de la région pour créer des stages de langue wallonne qui incorporait même des cours de cuisine.
« Il y a tellement de solutions à essayer avant de crier défaite ! Toutes les solutions que nous essayons de mettre en place ont rencontré beaucoup de succès dans d'autres communautés » me dit le Professeur OSTERHAUS.
Je vous retrouve début juillet sur ce blog pour une nouvelle chronique sur la seule Kermesse toujours organisée au Midwest!
Séverine Dehon
Executive Producer