Au « Pays des hommes intègres », l’APEFE achève un projet d’irrigation qui libère les femmes de la corvée de l’arrosage. Elle participe aussi à l’édification d’une grande muraille… verte !
« Avant, nous étions forcées d'utiliser des arrosoirs et c'était pénible, depuis qu'on a installé ce système d'irrigation, nous pouvons vaquer à d'autres activités », « Nuit et jour on travaille, on vend, on encaisse, si vous pouviez lancer cela dans d'autres pays aussi ! » : deux témoignages significatifs exprimés lors de la visite en mai du ministre-président Rudy Demotte sur le site du PADI dans le quartier de Tampouy à Ouagadougou (Burkina Faso). PADI, pour Programme d’appui au développement de l’irrigation, géré par l'APEFE depuis 2011 et qui vient à échéance cette année.
Sur un site de 4 hectares appartenant à l'amicale des forestières du Burkina Faso, une centaine de femmes font pousser tomates, oignons, ail, aubergines, concombres, fruits... Un jardin maraîcher, un arboretum et diverses parcelles se partagent l’espace où l’implacable chaleur est délicatement tamisée par la végétation. On y trouve des jeunes baobabs, dont les feuilles entrent dans la composition de la sauce locale toèga, et aussi des moringa, un arbre très riche en vitamine C ˗ plus que l’orange! ˗, calcium, potassium, protéines… Rudy Demotte a d’ailleurs été invité à en planter un. Certaines récoltes sont valorisées pour la vente sous formes de jus, confitures, beurre (de karité), conserves (de soumbala, une épice locale)...
Au cœur du dispositif, un système autonome d'irrigation dit « goutte-à-goutte » : « L'eau est diffusée via des tuyaux étendus dans les parcelles et parsemés de petits trous », explique l'administrateur du programme Didier Woirin, qui ajoute que ce système est très économe en eau comme en énergie. L’eau souterraine est extraite via une pompe alimentée par l'énergie solaire et qui sépare le sable. 40 m³ d'eau peuvent être pompés quotidiennement, et jusqu'à 70 m³ si on augmente le nombre de panneaux solaires. Le PADI, c’est aussi la formation : une salle permet aux femmes de recevoir des cours d’alphabétisation et de s'initier aux techniques de fertilité des sols. Enfin, la mairie s’est impliquée en offrant une plate-forme de compostage.
Cette action de l'APEFE, étendue sur quatre provinces, est venue en appui d'une stratégie lancée depuis 2003 par le Pays des hommes intègres afin de faire jouer à l’irrigation un rôle de choix dans la production agricole. Trois résultats concernaient la recherche et un quatrième le renforcement des capacités. Un succès ? « Sans aucun doute, répond Didier Woirin, notamment grâce à l’appui scientifique de l’Université de Liège qui a permis de mettre en place des outils opérationnels ». La Région wallonne a également apporté une aide technique. « Cet espace du PADI contribue autant à l'amélioration des conditions de vie des femmes qu'aux connaissances de la communauté scientifique », résumait, ravi, le directeur burkinabè de l’Irrigation à Rudy Demotte. L’initiative peut aujourd’hui voler de ses propres ailes.
Freiner le désert
Autre programme auquel l'APEFE apporte sa pierre: la Grande Muraille verte, une idée africaine menée à travers le NEPAD (Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique, initiative interétatique africaine). Le principe de départ ? De Dakar à Djibouti, édifier une bande boisée de 15 km de large afin de freiner la désertification. Le concept a évolué entre-temps. Ainsi, au Burkina Faso, il ne s'agit plus d'une bande, mais d'une zone d'intervention qui occupe le tiers du pays. « Reverdir le Sahel, c'est possible, déclare Didier Woirin, grâce à la plantation de plantes fourragères et forestières et de haies vives, et avec la collaboration active des communes et des communautés locales. » L'APEFE intervient dans le renforcement des institutions compétentes et met en œuvre des actions-pilotes avec différents partenaires.
Enfin, un troisième programme au Burkina Faso est focalisé sur le développement de la kinésithérapie, avec la création d’une école à l'horizon 2022. Pour l'heure, douze kinés sont en formation à Cotonou et un médecin à Abidjan. Vive le partenariat Sud-Sud ! De son côté, le gouvernement burkinabè finance la formation en Belgique de cinq kinés diplômés bac + 3.
Ces trois programmes de l’APEFE sont financés par la DGD et reçoivent un appui financier de la part de WBI. L’aide belge monte d’ailleurs en puissance, puisque le Burkina est entre-temps revenu dans la liste très « select » des pays prioritaires de la coopération belge.
François Janne d’Othée
Cet article est issu de la Revue W+B n°132, à laquelle vous pouvez vous abonner gratuitement!
Vous pouvez également trouver un article connexe sur le site de l'Apefe.